'Je bande donc je suis'... Difficile de passer outre.... Et qui suis-je si je ne bande plus ?
Suis-je encore un homme ? Capable de donner du plaisir ? D'en recevoir ? D'en prendre ?
Pour un homme, ne plus avoir d'érection, signifie perdre une partie de son identité, sa virilité, la partie de soi 'chasseur' et 'séducteur', et ce n'est pas rien... Cela entraine une perte de l'estime de soi (relation que l'on a avec soi-même) , et de confiance en soi (capacité à faire les choses, entreprendre des actions).
La dysfonction érectile (longtemps appelé 'impuissance' mais c'est fini, dieu merci ! ) est un trouble sexuel qui se caractérise par la l'incapacité d'obtenir ou maintenir une érection suffisamment rigide pour permettre une relation sexuelle satisfaisante dans la majorité des rapports sexuels. Ne parlons pas de la "petite panne" passagère qui arrive à tout un chacun à tout moment de sa vie.
Une des principales difficultés de ce trouble étant le malaise pour en parler, que ce soit à sa (son) partenaire, ou son médecin. Le risque étant de s'isoler dans une détresse. Ce trouble génère une honte, une gène profonde (puisqu'il vient toucher l'estime de soi) et provoque plus souvent la fuite, le déni, la dévalorisation de soi (l'évitement de la relation sexuelle, ou 'c'est de ma faute, je suis nul' ).
La première étape à franchir est de trouver le courage d'en parler à son médecin qui vérifiera certains points physiologiques (taux de testostérone, vascularisation, causes médicamenteuses, antécédents médicaux, symptômes dépressifs...). Il est en effet important de clarifier s'il s'agit d'un trouble d'origine organique ou psychologique, ou parfois les deux aussi.
Certains médicaments peuvent servir de 'béquille' un certain temps, le temps d'un accompagnement plus psychologique ou sexothérapeutique, le temps de restaurer la confiance en soi.
Ensuite, l'idéal est de consulter un professionnel de la santé sexuelle, qui abordera avec vous les éventuelles causes relationnelles (conflits, tensions dans le couple, usure du temps, perte de désir, partenaire passive et/ou non entreprenante, manque de communication dans la sexualité...).
Ce peut être aussi le fait d'un manque ou d'une perte de confiance en soi du à une longue abstinence, à une nouvelle relation (avec de nouveaux enjeux d'attachement) qui amène stress et angoisse de performance (peur de ne pas être à la hauteur). Ce manque de confiance en soi peut aussi provenir d'un manque de capacité dans l'intelligence sexuelle, c'est à dire dans sa capacité à donner du plaisir, recevoir du plaisir, prendre du plaisir.
La bonne nouvelle, c'est que la sexualité n'est pas naturelle et pas innée à 100% : elle est le fruit d'un apprentissage. Vous disposez de capacités en sommeil qu'il s'agira de travailler, de développer. C'est tout à fait possible !
Ces capacités peuvent être de l'ordre de la détente corporelle, de l'apaisement mental, de l'écoute du corps, de ses sensations, de ses émotions, d'érotisation de son corps, d'éveil de son imaginaire érotique, d'éveil de la confiance en soi, de sa capacité à communiquer, oser dire, oser demander, oser proposer ... Bref, tout un bel et large éventail de capacités à développer, renforcer au travers d'échanges et de pratiques corporelles.
Evelyne Roussillon , sophrologue, sexologue, accompagnatrice de couple à Gap 05.
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