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Et si nous profitions du confinement pour faire évoluer notre couple ?





Il est reconnu que les femmes seraient plus affectées par la charge mentale que les hommes, et qu'il s'agit là d'un des principaux freins au désir sexuel féminin.

Mais qu'est-ce donc que la "charge mentale" exactement ?

En 1984, la sociologue française Monique Haicault développe la notion de “deux univers, l’univers professionnel et l’univers domestique, qui coexistent et empiètent l’un sur l’autre”. Elle définit la charge mentale comme "le fait de devoir penser à un domaine alors qu’on se trouve physiquement dans l’autre". Une femme qui n'a pas d'activité professionnelle à l'extérieur de la maison assume une journée de travail en univers domestique (sans rémunération) et une femme qui a une activité professionnelle à l'extérieur emmène au travail une partie des tâches à gérer pour le foyer et assume ainsi deux journées de travail.

La charge mentale, c'est penser en permanence à la liste des courses, aux choix des repas, aux devoirs des enfants, au rdv médicaux pour les enfants, c'est penser à demander de vider le lave-vaisselle, demander de récupérer les vêtements au pressing, c'est penser aux valises pour le prochain weekend...

En fait nous sommes au cœur de la notion d'égalité de la répartition des tâches ménagères, qui est relativement inégale dans un couple hétérosexuel standard.

Quand deux personnes se rencontrent, tombent amoureuses, en général, madame a envie de faire plaisir et cela lui fait plaisir aussi, de cuisiner des petits plats à son nouveau partenaire, de ranger les vêtements qui s'éparpillent, de faire en sorte que le petit nid soit douillet et confortable. Le problème c'est que les choses s'installent sournoisement, sans être discutées dans le rôle de chacun, et bien souvent les tâches ménagères reviennent au féminin, c'est dans l'ordre des choses. Pas question de s'abaisser sur ces choses matérielles tant que la passion bat son plein. Et pourtant, c'est bien à ce moment là, qu'il serait le plus approprié d'inventer les règles du jeu du nouveau couple. On ne va re-jouer ni aux dames, ni aux échecs, mais inventer notre jeu, celui qui nous convient aux deux, 'win-win'.

Sachons que si nous tendons en Europe, vers l'égalité des hommes et des femmes dans le rôle social et professionnel (ce qui n'est pas encore complètement gagné), c'est loin d'être le cas dans la sphère domestique et intime.

Certes à l'époque de la préhistoire Monsieur partait chasser plusieurs jours, voir plusieurs semaines de suite pour ramener le gibier, ou protéger sa tribu, pendant que Madame restait à s'occuper du foyer et des petits... Cela est-il resté si profondément ancré dans nos genres que les rôles ne puissent changer aujourd'hui ? Sachons qu'un rôle est modifiable, il s'agit de tâches, c'est la bonne nouvelle.

Peut-être le moment est-il venu en temps de confinement, de ré-inventer ces rôles ?

Car effectivement, une fois que madame aura fait sa double journée à la maison, et qu'elle sera déjà en train de penser à la suivante, croyez-vous sincèrement qu'elle sera disponible le soir dans la chambre à coucher pour enfiler son rôle d'amante ? Va-t-elle facilement vider sa tête pour investir son corps ? Va-t-elle être d'un seul coup apaisée, zen et désirante sans plus penser à l'agenda domestique, pédagogique, et professionnel qui l'attend demain ? Pas si sur ... La charge mentale tout comme la fatigue, empêche les relations érotiques.

En temps normal cela est un peu plus facile, les inégalités sont un plus supportables, tolérables, car il y a les soirées avec les amies, le cours de yoga à la pause méridienne, la salle de bain propice à l'isolement, plus d'intimité avec soi-même, plus de soupapes... Si avant, nous nous arrangions un peu avec nous-même, pour ne pas trop la voir et la supporter, passé quinze jours, l'inégalité devient vraiment flagrante.

La prise de conscience est là.

Difficile d'envisager la vie intime en allant se coucher.

Que l'on soit homme, que l'on soit femme, nous sommes avant tous des êtres humains, tous égaux, des personnes qui aiment et qui pensent, avec des savoir-faire, et qui sont dignes de respect. Respect de soi, respect de l'autre. Ce n'est pas envisageable qu'il puisse y avoir un dominé et un dominant dans un couple, qu'il y en ait un qui prenne le pouvoir sur l'autre, qu'il y en ait un au service de l'autre...


Peut-être le moment est-il venu de saisir l'opportunité de repenser nos rôles dans le couple ?

Comment faire ?

Y réfléchir au fond de nous-même et EN PARLER. De préférence, pas sur un ton de reproche, mais de demande, de projet.

Comment nous sentons-nous dans la répartition des tâches ménagères qui est installée?

Nous convient-elle ou non ?

De quoi avons-nous besoin ? D'égalité absolue, d'aide, d'expérimenter de nouvelles choses, même si elles sont modifiables, ré-ajustables après le confinement ?

L'idée n'est pas forcément de tenir un cahier de comptabilité avec des tâches réparties pour chacun à 50%, mais au moins qu'il y ait une marge de progression pour que chacun y retrouve ses billes.

Savoir ce que chacun aime faire ? Qu'est-ce que je peux faire, qu'est-ce que tu peux faire, qu'est-ce qu'on peut faire ensemble aussi, en combinant nos savoir-faire, et peut-être sous forme de jeux ?

Qu'est-ce qui nous paraît le plus équitable aux deux ?

Bien évidemment cela requiert de la communication, de l'écoute, de la créativité.

Cela demande aussi de se remettre en question : les deux partenaires.

Remettre en question ses valeurs, son éducation, ses savoir-faire.

Cela demande aux femmes notamment d'arrêter de se sacrifier et de tout endosser, d'accepter de demander, de déléguer, de laisser-faire, de reconnaître ce qui a été fait et surtout de ne pas voir que le manque, et de complimenter. Cela demande de lâcher-prise avec le perfectionnisme et de gérer sa culpabilité (bonne mère, bonne épouse, bonne amante, bonne professionnelle...).


Cela demande ne pas dire 'Merci de m'aider', mais 'merci de faire ta part', de rédiger non pas sa "to-do liste", mais plutôt sa "ready liste", permettant de vraiment prendre conscience de tout ce qui a été fait dans la journée.

Cela demande d'apprendre à dire 'Non' ou 'Stop', et peut-être de faire la grève du ménage, du sexe ou du maquillage, au cas où notre conjoint ait tendance à fuir le dialogue.

Cela demande aux hommes de lâcher avec des valeurs sexistes, avec une éducation virile qui dit qu'un homme ne fait pas ça (propos et comportements tenus tant par une mère que par un père), cela demande d'interroger la notion de pouvoir basée entre autre, sur le salaire ramené.

Cela demande de s'interroger sur les valeurs que nous transmettons à nos enfants, en les regardant vivre tout simplement à nos côtés. Que nous répond notre fils quand nous lui demandons de ranger sa chambre, de ranger la vaisselle, faire la cuisine ? Si enfant ou adolescent, il nous répond déjà que ce n'est pas son rôle, alors remettons notre éducation, nos propos, nos gestes et nos cadeaux en question. Il y va de notre responsabilité de parents de remettre de la parité dans l'éducation de nos filles et de nos fils, et cela passe en partie par l'exemple.


Alors n'en doutons pas, une fois que les hommes contribueront aux tâches domestiques et parentales, prendrons des initiatives, seront dans ce partage équitable, car les femmes les y auront aider, car les deux auront réfléchit en amont sur les racines de ce symptôme, alors ils auront beaucoup plus de chances de partager leurs soirées avec une femme épanouie et détendue, plus avenante à l'intimité et au lâcher-prise.

Evelyne Roussillon



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